Dyki Dushi

         Compagnie suisse romande de création,

transmission, production, médiation et recherche en spectacle vivant                    

 

"Le théâtre pour expérimenter non seulement l'humain, mais ses interactions possibles avec son environnement. Relationnel, spatio-temporel, émotionnel ou encore physique. Le théâtre pour explorer la complexité de l'être, au-delà des frontières. Frontières géopolitiques, frontières artistiques, frontières intérieures. Décloisonner pour mieux se positionner. Sortir de la zone de confort pour mieux sentir ses limites, en comprendre leur nécessité ou leur présence désuète. Enfin, le théâtre pour préserver la beauté. Terme subjectif, mais valeur essentielle d'une humanité unie, tolérante et bienveillante. Toujours avec une touche de poésie, une touche d'humour et une écoute de l'instant présent. Le théâtre, une expérimentation de la notion de liberté, de pair avec une certaine forme d'humilité. Face à soi, face à l'autre, face à la vie."

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Si le théâtre viral ne supprime pas la salle mais qu’il l’englobe dans une oeuvre plus vaste ; s’il n’est pas multimédia mais qu’il circule entre plusieurs médias (vidéo, téléphonique, postal, physique...) et plusieurs espaces (lieux publics, lieux résidentiels, salles de spectacle...) ; s’il se déroule sur un temps virtuellement illimité (des minutes, des heures, des semaines, des mois) ; s’il n’attend pas que le public lui parvienne mais qu’il est un art de hackers, d’interventionnistes, de cibleurs, d’agitateurs ; si, enfin, il se propage et contamine la vie elle-même (apparitions et visions crescendo, invasion progressive des personnages, dévoilement morcelé de l’oeuvre), alors l’art de la scène élargie deviendra, pour de vrai, le virus contre le virus — il deviendra une extension du domaine de l’ « ici et maintenant ».

Victor Inisan, i/o Gazette, Pour un théâtre viral

Les écrans ne remplaceront jamais le théâtre. Mais le théâtre peut trouver dans le digital un nouvel appui scénographique et dramaturgique, ainsi qu'une nouvelle forme de reliance à son public. Il peut offrir à celui-ci la possibilité d'intégrer le spectacle vivant dans son quotidien, de le visionner de là où il est, de l'intégrer dans son environnement. Cette forme-là de théâtre que nous proposons d'explorer en digital est en réalité un mélange d'expérimentation cinématographique et de spectacle vivant. Nous détournons la visioconférence pour transformer ses contraintes premières d'isolement et de virtualisation du monde en un défi : être plus présents à nos corps, à nos sens, à notre souffle, à nos imaginaires. Et surtout, à nous-mêmes et aux autres ! Le digital sous cette forme-là permet aussi de réexplorer la relation entre artiste et spectateur et d'ouvrir l'accessibilité au spectacle vivant à plus de gens : ceux qui ne sont pas sur place, ceux qui sont empêchés par la maladie, ceux qui ne sont pas autorisés à se rendre dans les lieux culturels, ceux qui doivent rester chez eux ou encore ceux qui sont en déplacement. Ainsi, le théâtre peut trouver via le digital une possibilité d'être à la hauteur de son rôle premier de réflecteur de consciences pour le plus grand nombre.


Le paradoxe de cette expérimentation, que nous avons, chez Dyki Dushi, commencée en avril 2020, est que le digital nous ramène à plus d'authenticité et de précision, il nous centre dans notre for intérieur et réveille en nous le désir profond d'être relié aux autres et donc ... de se retrouver en présentiel ! Ainsi, d'une contrainte de distanciation forcée, le digital est devenu pour nous un outil permettant des allers-retours entre virtuel et réel, explorant certaines portes fermées jusqu'alors. Il permet une enrichissement subtil de la qualité de l'artiste et du récit, requestionnant la nécessité de dire et (ré)affirmant certaines positions.


Notons enfin que le digital permet aussi des collaborations entre artistes de diverses régions géographiques. Au-delà des frontières et des distances nous séparant, nous pouvons nous rencontrer et créer ensemble. Il en va de même pour la diversité des publics : les spectacles ou performances deviennent accessibles à un plus grand nombre et de par le monde.

Notre utilisation du logiciel Zoom

Notre exploration du digital porte en particulier sur l'utilisation du logiciel Zoom. Notre particularité est d’utiliser ce logiciel de façon corporelle, visuelle, expressive. Nous y incluons les arts plastiques, la danse, la création musicale et nous cherchons à trouver l'endroit par lequel, même à distance, nous sommes réellement reliés : le travail dans notre corps, le souffle, le rythme sont des outils que nous développons et qui génèrent un lien bien au-delà des écrans qui nous séparent. L'apport du texte par la voix off principalement permet de mettre les mots en résonance avec les images et d'en saisir des sens insoupçonnés. Ainsi, Zoom nous permet d'approfondir notre recherche sur la complexité. Les écrans pouvant se superposer, le spectacle digital peut proposer au public une superposition de scènes, d'images, d'actions. Cela aide à la déconstruction de la pensée rationnelle, au profit d'une compréhension sensorielle et sensible de la narration – un genre de théâtre qui permet de toucher à la complexité des comportements humains.


Un des aspect stimulants dans ce processus digital est également celui de la mise en espace et de la valorisation des lieux quotidiens comme devenant des scènes de théâtre, ainsi qu'une présence plus développée du travail de la scénographie. Comme l'écrit Peter Brook dans Espace vide : écrits sur le théâtre (2001) « Je peux prendre n'importe quel espace vide et l'appeler une scène. Quelqu'un traverse cet espace vide pendant que quelqu'un d'autre l'observe, et c'est suffisant pour que l'acte théâtral soit amorcé ». Ainsi, le théâtre digital permet de ritualiser des lieux quotidiens (lieu de vie, parc, supermarché, etc.) du fait d'y faire jouer un acteur. Ces lieux peuvent également être agrémentés de supports scénographiques (par exemple : installer un salon au milieu d'une forêt). Ainsi, comme au théâtre, les éléments scénographiques sont réellement présents sur scène et aucun effet spécial via un logiciel informatique n'est utilisé dans les espaces de jeu des performeurs.


Enfin, en plus des juxtapositions possibles d'écrans, la caméra auto-gérée permet de jouer avec la profondeur (du plan large au gros plan, du macro au micro), de choisir ce que l'on montre (être dans le champs ou hors champs). Elle permet cela autant avec les corps des performeurs qu'avec les éléments de scénographie et/ou costumes, masques, etc. Par ailleurs, l'acteur gérant généralement tout seul.e sa caméra et sa lumière, il.elle développe une collaboration étroite avec le metteur.e en scène sur les choix de dramaturgie visuelle et ajoute des outils techniques à son arc.